Journée Arts-Sciences-Santé
BEATBOX DAY 2022
Mardi 6 Septembre 2022 de 10h à 17h
Maison Jean Kuntzman, Campus Universitaire, Grenoble
Organisateurs :
GIPSA-lab (Nathalie Henrich Bernardoni, Annalisa Paroni)
LPNC (Hélène Loevenbruck)
LIG (Benjamin Lecouteux)
avec le soutien de l'Université Grenoble Alpes et du Pôle Grenoble Cognition.
Cette journée à l’attention du monde académique, du monde artistique et du milieu médicale se propose de traiter la question du Human Beatbox sous 4 angles complémentaires : une pratique artistique en plein essor, un usage complexe de la voix humaine, un outil de rééducation des troubles de la voix, de la parole et de la déglutition, un cadre pour des développements d’outils technologiques.
Cliquez ici pour accéder à la liste des intervenants et au programme détaillé de la journée.
Vous pouvez retrouver les interventions en podcast sur la chaîne YouTube des Ateliers Sciences et Voix dans la playlist Beatbox Day 2022
Cette journée a été soutenue par le Pôle Grenoble Cognition (PGC) et l'Université Grenoble Alpes (UGA), le laboratoire Grenoble Image Parole Signal Automatique GIPSA-lab, le Laboratoire de Psychologie et Neurocognition LPNC et le Laboratoire d'Informatique de Grenoble LIG.
Cette journée a été précédée le Lundi 5 Septembre après-midi de la soutenance publique de la thèse de doctorat d'Annalisa Paroni :
Titre : Human beatboxing: pushing the boundaries of human voice production
Résumé :
Le human beatboxing (HBB) est un art vocal en pleine évolution : les beatboxeurs utilisent leurs organes vocaux pour imiter et créer des sons afin de faire de la musique. La clé de cet art est l’expérimentation vocale. Cependant, seules quelques études se sont penchées sur le beatbox jusqu’à présent. Les mécanismes de production et l’étendue de l’exploitation du conduit vocal humain que cet art permet d’atteindre restent largement inexplorés. Si d’une part, les sons de HBB sont produits de manière à ce que l’auditeur naïf ne comprenne pas l’origine humaine de cette production musicale, d’autre part, les beatboxers s’appuient fortement sur les sons linguistiques pour apprendre, enseigner
et discuter des boxèmes (sons de HBB).
Dans le cadre de ce travail de thèse, nous avons mené une enquête à multiples facettes pour caractériser les mécanismes de production de 5 boxèmes de base (kick, hi-hat, snare, rimshot, cymbale), en mettant en évidence
ce qui est spécifique au HBB et ce qui est similaire aux homologues de la parole. Nous avons enregistré 6 beatboxers et analysé les données physiologiques de deux corpus, comprenant des données articulatoires, acoustiques, électroglottographiques, respiratoires et vidéo collectées de manière synchrone, et d’un corpus de données endoscopiques.
Nous avons comparé les boxèmes de base kick, hi-hat, rimshot aux homologues parlés [pu, ti,ka] et avons constaté que les trois boxèmes étaient produits comme des articulations occlusives et partageaient le lieu d’occlusion avec les consonnes parlées. Cependant, alors que les consonnes étaient produites par un flux d’air pulmonaire, les boxèmes étaient produits par une action de piston glottique. Ce mouvement laryngé a affecté le mouvement de la langue dans la cavité orale. Des vitesses articulatoires plus élevées lors du relâchement de l’occlusion ont été mesurées pour les boxèmes. Le comportement respiratoire différait entre la parole et le HBB. Pour les tâches de parole, un schéma d’inspiration suivi d’une expiration pendant la production du son a été décrit. Pour les tâches de HBB, un comportement
spécifique au HBB a été décrit, avec une tendance à stabiliser la circonférence thoracique et éventuellement abdominale pendant la production du son, et des petites variations locales accompagnant la production acoustique. L’inspiration pendant la production sonore peut être réalisée en passant d’un mécanisme égressif à un mécanisme ingressif pour certains boxemes. Cependant, une variabilité inter-sujet et inter-stimuli a été observée.
Nous avons étudié 12 boxèmes appartenant à 5 catégories de sons de batterie (kick, hi-hat, rimshot, snare, cymbales) produits par un beatboxer et avons constaté qu’une classification automatique non supervisée était capable de regrouper correctement les données acoustiques, suggérant que chaque boxème a sa propre signature acoustique. Une variété de gestes articulatoires a été décrite, certains différents de ceux attestés en parole, et une annotation phonétique utilisant l’alphabet IPA a été proposée, soulignant la complexité de la production sonore et les limites de l’annotation basée sur la parole pour les sons de HBB. Deux types de HBB ont été comparés : régulier et humming. La technique du humming permet aux beatboxeurs de superposer une ligne mélodique à une ligne rythmique, alors que le HBB régulier ne permet de produire que l’un ou l’autre à la fois. Cependant, la manière dont cela est réalisé n’est pas très bien décrite d’un point de vue scientifique. Nous avons constaté que les mécanismes respiratoires et articulatoires sont liés dans le HBB régulier,
alors que en humming, ils sont dissociés. La cavité orale est isolée du reste du conduit vocal et fonctionne seule pour produire la ligne rythmique via un mécanisme d’initiation oral. Cela laisse la partie en amont du conduit vocal disponible pour la respiration ou la production de la ligne mélodique. Les vocalisations se propagent à travers les cavités nasales.
Jury :
Sten TERNSTÖM, KTH Stockholm, Rapporteur
Claudio ZMARICH, ISTC-CNR Padova, Rapporteur
Susanne FUCHS, ZAS Berlin, Examinateur
Shrikanth NARAYANAN, SAIL Los Angeles, Examinateur
Claire PILLOT-LOISEAU, LPP Paris, Examinateur
Benjamin LECOUTEUX, LIG Grenoble, Examinateur
Nathalie HENRICH BERNARDONI, DR CNRS, GIPSA-lab Grenoble, Directeur de thèse
Hélène LOEVENBRUCK, DR CNRS, LPNC Grenoble, Co-Directeur de thèse
Lieu : Maison du doctorat Jean Kuntzmann, Amphithéâtre, 110 Rue de la Chimie 38400 Saint-Martin-d'Hères
Heure : 14h - 17h